lundi 5 décembre 2016

Jour 5 - C'est vendredi... déjà ?!

Vendredi 25 novembre 2016

Prévoir le temps
L'IFT de l'extérieur
Il y a un truc que l’on apprend lorsqu’on travaille dans les locaux de l’Institut Français du Tchad : il faut toujours prévoir arriver au minimum trente à quarante-cinq minutes avant l’heure prévue pour le boulot. En effet, en route vers la salle de répétition on doit passer par la cour centrale — où se trouve le café de l’IFT. On y fait à coup sur des rencontres fortuites et impromptues d’amis et de collègues avec qui on discute et qui nous présentent invariablement une personne magnifique que l’on ne connaissait pas. Ce matin, ladite personne s’appelait Samafou Diguilou Bondong, poète et romancier tchadien, entre autre fondateur d’un festival de poésie et de musique à N’Djamena. Sorte de Dany Laferrière du Tchad, cet homme au regard franc, au sourire contagieux et à la voix envoutante nous a entre autre dit qu’il était bien ami avec madame la consul du Canada. Comme nous souhaitions rendre visite au consulat afin de nous présenter et de nous enregistrer, Samafou nous a proposé d’organiser la visite et de nous présenter. On a tous très hâte de parler plus longuement avec ce monsieur. À voir quand on arrivera à insérer le tout dans le calendrier ! Nous avons également fait la rencontre de Ngarta, le maître-percussionniste qui a accompagné Taigue dès ses premières tentatives dans les camps de réfugiés en 2006. Est en train de germer doucement, dans la tête de Geneviève, l’idée d’un jam avec les musiciens locaux.

Dernier jour d'ateliers
Autre réalisation aujourd’hui. En revenant sur les ateliers d’hier, Taigue m’a posé la question si un des jeux que j’ai fait hier n’étais pas trop complexe. Il s’agit d’un jeu brise-glace assez classique où, en cercle, on se passe un ballon imaginaire, puis plusieurs ballons imaginaires de couleurs différentes. La discussion qui a suivi m’a fait comprendre certaines choses sur le rapport des tchadiens à la performance. Comme avec la bulle l’autre jour, je constate qu’ils veulent bien faire… presque trop bien faire. Ainsi, alors que cet exercice est censé unir les participants par une activité qui pose un défi, ici les participants s’accusent l’un l’autre d’avoir laissé tomber le ballon imaginaire ou de ne pas l’avoir vu ou de lui avoir fait changer de couleur. J’ai dû expliquer au groupe, à plusieurs reprises, que c’est un exercice d’équipe et que tous ont la responsabilité du bon déroulement du jeu. Cet exercice d’éveil devient tout à coup un exercice sur le vivre-ensemble, la tolérance, l’entraide… Et il semble que la « compétition coopérative » demandée pour ce genre d’activité (et pour la création théâtrale telle que je la conçois) soit quelque chose à développer.
Mini-poussez-tirez !

Nous sommes également revenus sur les ateliers de Geneviève, qui s’attardaient hier au réchauffement vocal et aux percussions corporelles. Succès monstre ! Ils veulent chanter mais n’ont accès à aucune formation en ce sens. Les yeux pétillaient, les sourires étaient francs, et ils en redemandent !

Les ateliers d’aujourd’hui se sont déroulés à merveille. Ils ont improvisé, ils ont chanté, ils se sont lancé à fond dans les exercices — c’était super. De part et d’autre, on est un peu triste que ce soit déjà terminé. Les danseurs de Taigue nous ont donné d’autres conseils quant au travail dans les camps de réfugiés, mais nous assurent que ça va bien fonctionner et qu’ils vont s’éclater. C’est fort encourageant !





« Ndjamvi »
C’est le nom du festival de musique qui a commencé mercredi et qui se terminait ce soir. Nous avons vu le spectacle de N2A Téguil, qui mélange hiphop, pop et traditionnel. C’était super. Le gars a une présence remarquable et est entouré de très bons musiciens. Geneviève et Étienne assistaient à leur premier concert tchadien. Il faut savoir qu’ici, peu importe le style de musique, le public participe fort de la salle mais vient également sur scène danser avec les musiciens en guise de reconnaissance. La tradition du « farotage » est également très, très forte. À tout moment, un membre du public se lève, monte sur la scène et vient coller de l’argent sur le front du chanteur ou du danseur. C’est une sorte d’encan : la prochaine personne met un peu plus, et ainsi de suite. Il s’agit en fait de la majeure partie du cachet des artistes ici. La reconnaissance directe du public, en argent comptant… dans ta face ! Une quantité impressionnante de billets ont été jetés sur N2A Téguil ce soir. Il fallait voir les yeux écarquillés de Geneviève et d’Étienne. Difficile pour nous de ne pas faire le parallèle avec les « danses à dix » de chez nous. Comme quoi tout est une question de contexte…!
Le village du festival (souvenirs de 2013...)

Nous avons terminé la soirée dans le village du festival, au Ballet National (le même endroit où j’ai fait la rencontre du public tchadien il y a trois ans — ô souvenirs !). Nous y étions avec About, le directeur de l’IFT, et tout le gratin cinématographique de N’Djamena. Étienne était dans son élément, alors que Cyril se chargeait des présentations ! Nous avons entre autre fait la rencontre d’un couple de cinéastes vraiment super : Serge et Ache Coelo. Tous deux sont cinéastes de renom et leurs films font les grands festivals. Serge est directeur du « Normandie », seule salle de cinéma au Tchad qu’il peine à remplir de gens (sauf lorsqu’il y présente les matchs de football). Ache, seule femme qui réalise du cinéma de fiction au Tchad, vient tout juste de laisser un poste important à l’UNICEF pour se consacrer uniquement à son art. Ces gens se battent fort pour faire connaître le cinéma au Tchad et pour faire rayonner le cinéma tchadien à l’étranger. Grands défis en pleine période de « vache maigre ».

Sur une note plus cocasse : l’équipe a fait la découverte des toilettes du Ballet National. La réaction de Geneviève résume bien l’impression générale : «  ah mon djeu… AH, mon Djeu… AH MON DJEU !!! »


Bonne nuit !

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