lundi 5 décembre 2016

Jour 6 - Cohabitation

Samedi 26 novembre 2016
(aujourd'hui, pensée pour ma maman qui nous quittait il y a six ans et qui a tant participé à mon envie de découvrir le monde, ses couleurs, ses saveurs, ses gens...)

Panel

En ce samedi de repos, nous assistions à la conférence organisée par Soeur Aida (j’en parlais en début de semaine), appelée « État des lieux de la cohabitation pacifique au Tchad ». De 9h à 12h, nous avons assisté à un débat entre l’Archevêque de N’Djamena, le 2ème Imam de la Grande Mosquée, le Pasteur Souina Potifar et le professeur-politicologue Ahmat Mahamat Hassan. 

Réflexions importantes
La salle était pleine à craquer pour cet évènement à la fois très chargé et absolument magnifique. Les interventions du professeur Ahmat Mahamat Hassan (vous savez ce genre de prof qui vous donne le goût de retourner à l'université ?) étaient d’une grande justesse et sont venues secouer un peu les discours officiels des religieux qui prônent tous la bonne entente, qui assistent aux cérémonies des autres et qui martèlent leur message de paix et de bonté. 

J’en ai appris énormément sur l’histoire du Tchad, pays laïque où les tensions restent palpables entre chrétiens et musulmans, bien que la forme de cohabitation qui existe ici fait l’envie de bien des pays d’Afrique. Ce qui marque, c’est la façon dont la politique, depuis très longtemps (et dans plusieurs régions du monde), s’est appropriée, a exploité et a instrumentalisé les religions afin de garantir et de maintenir ses intérêts. En installant et en encourageant un état de méfiance dans une société où l’injustice et la frustration règnent, les gouvernements alimentent les conflits ethniques et religieux et en tirent profit. 

Réflexion intéressante : la différence entre le débat, où celui qui sait parler gagne, et le dialogue, où les deux parties ont à coeur l’intérêt commun. 

Me-noume
Carpe et diem
Je l’ai dit souvent : on mange bien à N’Djamena. Notre plat favori à date (voté à l’unanimité) est la carpe braisée que nous avons mangée au restaurant appelé « l’ancien Rolland-Garos ». Un pur délice — tendre, juteuse, épicée à point, avec ce goût typique du charbon de bois. En mangeant notre carpe goulument, nous remarquons soudainement que nous sommes sollicités par des marchants ambulants qui passent toutes les tables de toutes les terrasses. C'est un vrai centre d'achats sur pattes. Se succèdent chaussures, chaussettes, chemises, cigarettes, arachides, gomme, ceintures, bobettes… puis nous remarquons que ça devient de plus en plus absurde : cordonnier ambulant ? poison à rat ? plateau de rôtis de boeuf crus ? machettes ? Non ?  tuyaux de pvc ? chaines ? lacets, pancarte « cédez » et, le top du top, un sapin de Noël en plastique (au Tchad ! un sapin… au Tchad !… un-sa-pin !). Beau moment d’incrédulité. On aurait bien pris une photo, mais les gens n'aiment pas beaucoup se faire poser ici.


Hiphop battle
Ce soir à l’IFT, nous assistions à la toute première « hip hop danse battle » de l’année, organisée par le danseur Rodrigue (un des « cinq grands »). J’en avais vu une en 2013, et je reste marqué par la beauté de ces combats symboliques. En effet, ces groupes de jeunes, d’ethnies et de religions différentes, dansent ensemble et se confrontent dans un climat tout à fait pacifique. C’est très touchant de voir la force avec laquelle ils défendent leur travail, et de penser qu’il y a là beaucoup de violence canalisée de façon constructive et sortie des rues. Belle conclusion au débat d’idées du matin.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire