vendredi 23 décembre 2016

Jeudi 22 décembre - Acharnement du sort…

Décidément.

On a quitté Goré ce matin à 4h45 afin d’éviter les « problèmes ». En effet, avec ce qui s’est passé au CNARR, les contrôles de polices (très fréquents sur la route — pratiquement à chaque entrée de village) pourraient avoir été mis au courant de la situation et pourraient nous demander de leur donner nos images, nos caméras, etc. Surtout sur la route entre Goré et Moundou. (env. 250 km). 

Photos de crevaison et de route (crédit Étienne Boivin)
Note : les points de repère sur la route, pour les fans de Google maps : Goré-Moundou-Kelo-Bongor-Gelendeng-N’Djamena. Les traits d’union, ce sont des trous ;o) 

La route entre Goré et Moundou est vraiment très difficile (surtout les 110 premiers km, où on est sensiblement sur un chemin de terre/sable plein de trous.). On parle de 2h30 pour faire 110 km. Au moins cette fois on roule de jour puisqu’à partir de 6h le soleil se lève. 

7h00, sur la route entre Goré et Moundou : crevaison (bien entendu). On a vidé le coffre et on a changé le pneu. On a également regonflé tous les pneus au village suivant. 

11h, Moundou : on s’arrête manger des grillades de chèvre avec de la sauce piment / bile. (Eurk. C'est rare, mais la bile... je ne suis pas fan.)







15h, à environ 20 km de Bongor : accident. On cuit doucement à la chaleur du soleil, nos yeux pleurent de la poussière et nos poumons sont en train de se transformer en papier sablé. Sur la route bitumée pleine d’énormes trous et crevasses (on s’y habitue après un moment), on continue de s’étonner devant la beauté de la nature et des villages que nous croisons. Soudainement, quatre ânes surgissent des herbes hautes devant nous. Nous allons à environ 80 km/h. Roger freine et tente d’éviter les animaux — en vain. Nous percutons les deux adultes de plein fouet. Choc. Silence.

Heureusement tous les cinq dans la voiture sont sains et saufs. 

« Merde ! » 

La voiture après les ânes...
Taigue sort de la voiture, suivi de Roger — toujours sous le choc. Nous sortons tous. Deux ânes gisent au sol. Les bêtes, haletantes, sont pleines de coupures. Une a deux pattes cassées (dont un os qui sort de la patte) et l’autre semble agoniser. Les villageois commencent à s’attrouper. La voiture est complètement emboutie et défoncée à l’avant — ça coule sous le radiateur. 

Les autres conducteurs s’arrêtent, viennent nous saluer, s’assurer que tout est OK. Mots d’encouragement et de soutien. On appelle les autorités. 

L'autocar (voir la déco...)
Heureusement, l’autocar qui conduit le reste de l’équipe passe environ 45 minutes plus tard. Taigue nous dit de partir, et qu’il vaut mieux que lui et Roger gèrent la crise sans les trois Blancs autour. On embarque dans ce véhicule complètement surréel. L’intérieur est coloré, des tissus festifs pendent de partout, les lumières sont multicolores, on dirait un autobus de vacanciers — mais c’est la norme pour ces autocars, qui font le voyage tous les jours. Le conducteur nous offre gracieusement de prendre place (il restait trois places, comme par hasard). 

On se rend à Bongor, 20 km plus loin. Halte pour manger. On n'a pas faim. On repart. Le soleil tombe. À 18h l’autocar s’arrête pour la prière. À 20h nous arrivons à N’Djamena. Un membre de la famille de Renaud nous ramène à la maison, avec notre pile de bagages, d’instruments, de masques, de costumes, etc.

Taigue nous appelle vers 21h pour dire qu’ils ont pu apporter la voiture à Bongor, qu’ils sont au garage et qu’ils vont rentrer à N’Djamena dans la nuit.

Ouf.

Tout ceci étant, on a été très chanceux : aucun blessé, pas de séquelles. Roger a très bien réagi et n’a pas fait de mouvements brusques avec la voiture. On se couche et on espère que les choses se règleront demain. 


Bonne nuit !

Comic relief : Bongor et Memramcook -- même combat !


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