samedi 31 décembre 2016

NAWOUELLE !

24 et 25 décembre 2016 !


Sous les tempêtes de sable qui s’abattent sur la ville depuis le 22 décembre, N’Djamena nous offre un ciel grisonnant, avec des percées orangées ou ocres. Peu de soleil pour réchauffer les coeurs en cette période de Fêtes. Un brouillard épais semble tout englober. Les paysages nocturnes sont surréels — les voitures et les gens semblent émerger de nulle part, spectres bien vivants dans la nuit tchadienne. 

Par contre la chaleur humaine compense mille fois l’hostilité du climat. Nous sommes entourés de personnes merveilleuses. Le 24 décembre en soirée, nous sommes d’abord allés assister à une messe de Noël tchadienne. Dans l’église extérieure, recouverte d’un toit de taule, plusieurs centaines de personnes étaient réunies. Les enfants présentaient des chorégraphies excessivement mignonnes — les mouvements de danse traditionnelle faisaient bouger les ailes de carton accrochées dans leurs dos ! C’est au son de « Gloo-ooooo-ooooo-ooooo-ria…in excelcis de-o… » que nous avons fait notre entrée dans l’église. Se sont ensuite enchaînés sermons en français et en patois, où l’on nous parlais à la fois de la joie de l’arrivée du Sauveur et du grand fléau qu’est l’avortement… j’avoue que ça n’a pas très bien passé, ça. Je regardais tout cela en passant de la curiosité à l’étonnement à la fascination à l’incompréhension. Le choeur, accompagné d’un clavier, d’une guitare électrique, de percussions et d’un balafon (!), scandait le tout. Il fallait voir Geneviève, médusée par le mélange des rythmes traditionnels et des chansons de Noël, alors que le chef de choeur battait la mesure en 4/4 sur un rythme qui ressemblait à du 16/23*6-2…! Pourtant ça marche — mais nos oreilles occidentales ne perçoivent tout simplement pas le rythme de la même façon. 

En fin de soirée nous sommes allés manger entre amis au bar « Le Zénith », où on avait cuisiné un mouton entier pour l’occasion. En journée, nous en avions profité pour acheter quelques denrées rares — dont du vin et un bon scotch ! Une très belle soirée, dans un décors où le faux marbre et les déesses grecques veillaient sur nous. Nous avons chanté à tue tête des hymnes de Noël, tentant tant bien que mal d’enterrer le boum-boum qui jouait dans le bar. Dehors, la tempête de sable rappelait une tempête de neige — vision étrangement rassurante…!

Ah ! J’oubliais : notre cadeau à nous de nous en ce 24 décembre !! À 11h le matin nous sommes allés voir Star Wars au Normandie. Hihi ! Nous devions être dix (tous des nasara) dans la salle, mais nos trois coeurs de geeks tout gonflés remplissaient certainement le lieu et bien au-delà ! Comble de luxure : nous avons apporté une barre de chocolat achetée la veille. Moment de bonheur hors du temps, loin des ânes, des gendarmes et des autorités corrompues, alors que nous avions les yeux rivés sur l’écran sombre (oui, il y a un projecteur brulé au Normandie… les films sont tous un peu sous-éclairés — mais ça va !!), la tête dans les étoiles en grignotant notre chocolat au riz soufflé. C’est nouel c’est nouel c’est nouel !

Le lendemain, nous avons passé la majeure partie de la journée à jouer aux cartes, confinés à l’intérieur par le brouillard de poussière qui pesait dehors. Faut dire que toute cette poussière n’a fait qu’empirer ma grippe (ah, la frustration du temps des Fêtes) et que Geneviève et moi avons combattus une indigestion monstre liée au repas de la veille (eh oui…). Étienne a été épargné. Nous avons donc pu conclure que le coupable n’était ni le mouton, ni le scotch, mais bien la carpe braisée — Taigue et Sarah en ont mangé aussi et ont vécu le même tord-boyaux. Nous avons donc enchaîné les parties de 8 et de bataille corse habillés en mou en écoutant de la musique et en se tenant le moins loin possible des WC — un vrai 25 décembre, quoi. Grippe, indigestion et jeux de carte : seems about right !

Nous qui pensions profiter de la journée pour visiter la famille de Taigue et vivre un 25 décembre tchadien… On remet ça au 1er de l’an !


Pour celles et ceux qui se demandent : voici notre nid de N'Djamena.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire