samedi 31 décembre 2016

26-27 décembre - Des réponses ?… meh… des bonnes nouvelles ?… re-meh…


Que de poussières qui ne semblent pas vouloir retomber…

En début de semaine Taigue et Cyril rencontraient le responsable du Ministère afin d’avoir des explications sur ce qui s’est passé. Après deux jours de rencontres reportées, d’attente de nouveaux papiers à signer, on nous a dit qu’il y a bon espoir… et qu’on devrait avoir une réponse le 3 janvier ! Le 3 janvier !! 

Il apparaît clair que nous subissons directement les contrecoups de la crise sociale qui fait rage au Tchad.

Depuis que nous sommes ici on nous parle de « vache maigre » (expression signifiant qu’on est en période d’austérité), on nous souligne que les enseignants, les professeurs, les médecins et les fonctionnaires sont en grève depuis trois mois. Qui plus est, depuis l’été le fonds de bourses aux étudiants a été complètement suspendu et les fonctionnaires de l’état ne reçoivent que 50% de leurs indemnités. Personne ne va à l’école ou à l’université depuis le début de l’automne. Les hôpitaux offrent des services minimaux. Lorsque Taigue et Cyril on rencontré les fonctionnaires, c’était à leur domicile, d’où ils travaillent en temps de grève. Le 27 décembre le président annonçait que les grévistes ne seraient plus rémunérés : nous assistons donc à un bras de fer entre les syndicats et le gouvernement. Tout marche au ralentit. Dans ce contexte, nous souhaitons une réponse le 3 janvier — mais l’aurons-nous ? 

Il y a quelques semaines, Deby annonçait qu’il n’y aurait plus de réfugiés au Tchad en 2017. Il cherche ainsi à gagner des points politiques en cette période houleuse. En effet, une partie de la population s’indigne de voir que les réfugiés ont certains « privilèges » (rations, logements, terres, etc.) que la population, en pleine crise économique, n’a pas. Bref, c’est donc le CNARR qui va progressivement prendre l’ensemble de la responsabilité des camps — qui deviendront des villages tchadiens. Voilà pourquoi il y a eu cette guerre de mini-pouvoirs lorsque les représentants du CNARR se sont rendu compte que les autorisations étaient passées par le HCR et non par eux. Ils se sont sentis dépassés et ils répondent par l’intimidation. Lorsqu’on sent le besoin d’intimider des artistes qui viennent offrir des espaces créatifs de paix, on est rendu très bas…

Par-dessus le marché, pendant la nuit du 25 décembre un jeune homme, l’animateur et journaliste culturel Modilé Lebad, est mort alors que le fils d’un député, en boisson, l’a gratuitement et injustement poignardé — en pleines célébrations. Le milieu artistique au complet est en deuil devant le départ subit de cette personnalité publique très engagée, se battant pour la promotion des arts et de la culture depuis plusieurs années. Le fait que ce soit arrivé des mains du fils d’un député (il sera envoyé en prison mais il ne subira probablement qu’une justice partielle puisqu’il est protégé par son statut) n’a rien pour calmer la grogne populaire. 

La fin 2016 est mouvementée à N’Djamena…

Malgré tout, on a fait une grande réunion-bilan (artistique, logistique, finances) des dernières cinq semaines, on a évalué les différentes options pour le reste du séjour, on a enregistré deux entrevues de fond pour notre film-documentaire et l’équipe de cinéastes a pris des images de N’Djamena (B-Roll). Nous devions en effet boucler plusieurs détails avant le départ d’Étienne. Eh oui : le séjour d’Étienne prenait fin le 27 décembre. Le reste du travail de captation sera effectué jusqu’au 22 janvier par Cyril et Renaud. Tout était prévu à cet effet, mais c’est tout de même très étrange de voir un membre de l’équipe quitter le groupe après tant de péripéties vécues ensemble.


Nous avons terminé la soirée du 27 décembre au restaurant le Carnivore, tout près de l’aéroport, avec plusieurs amis. Étienne a quitté (à reculons…) N’Djamena à 23h55. 

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